Bienvenue à Valentina, responsable de l'antenne de Lyon !
Valentina a rejoint la team de Toit à Moi il y a quelques mois. Elle s'occupe des personnes accompagnées et de la vie de l'association sur l'antenne de Lyon, l'implantation la plus récente de Toit à Moi.
Valentina a accepté de se prêter au jeu de l'interview, afin de se présenter à tous et toutes et raconter son parcours jusqu'à chez nous ! On lui souhaite la bienvenue :)
Quel a été ton parcours avant de franchir les portes de Toit à moi ?
J'ai un parcours que je définis, sans problème, atypique : issue de la filière des longues études en sciences humaines et sociales et originaire d'Italie du Nord, j'ai habité à Paris, puis dans la ville d'Oujda, au Maroc, puis encore à Bologne et, enfin, je suis arrivée en 2018 à Lyon. Pour un total de 10 ans d'errance ! Ma passion pour le travail social et l'accompagnement de publics en difficulté naît tout au long de mes voyages. D'abord intéressée par les faits de société et de culture, je me suis heurté aux thématiques de lutte contre l'exclusion lorsque je me suis retrouvée face aux flux des migrants subsahariens au Maroc, qui tentaient de rejoindre l'Europe par tous les moyens. La découverte de leurs parcours et périples m'a motivé à rechercher des associations travaillant dans le domaine. C'est justement au Maroc que j'ai commencé à collaborer à l'écriture d'un projet européen, visant la création d'une plateforme de coordination d'associations oeuvrant dans le domaine. C'est de retour en Italie, en 2016, que j'ai commencé à donner des cours d'italien pour étrangers, puis j'ai fait ma première expérience en Centre d'Accueil de Demandeurs d'Asile (CADA).
Passionnée d'abord par la question migratoire, cette expérience m'a également mis face à la réalité de l'accompagnement des populations plus vulnérables. J'y ai d'ailleurs appris que la relation humaine est un moteur puissant pour sortir ces personnes de l'engrenage, déshumanisant, qui traite la misère sociale à coup de chiffres et des statistiques. Depuis, je me considère une indignée. Je suis convaincue que la lutte contre l'exclusion se fait à travers la rencontre, la création de réseaux, la confiance dans la capacité de résilience de chacun.e. C'est la bagage que j'essaie de ramener dans chaque emploi et à chaque rencontre. Avant TOIT À MOI, je travaillais dans une MJC lyonnaise sur des projets d'accompagnement à la scolarité de jeunes préadolescent et de soutien à la parentalité dédié aux familles du quartier.
Comment s'est passée la rencontre avec les personnes accompagnées de l'antenne ?
Lorsque j'ai commencé, les personnes étaient déjà dans les appartements. Leur installation a précédé le confinement dû à la crise sanitaire de 2020... Inutile d'ajouter que cette situation exceptionnelle, qui n'a été facile pour personne, a été d'autant plus éprouvante pour des personnes déjà fragilisés par leur parcours.
Une rencontre, c'est comme partout : on s'observe, on s'étudie, on cherche les points qui nous relient. C'est timide ou franche, directe ou indirecte, révélateur de la personnalité de chacun.e ! En général, j'ai trouvé qu'ils étaient contents de me rencontrer et que le confinement avait laissé beaucoup d'affaires en suspens. Il y avait urgence et, à la fois, besoin de contact humain. Certes, j'ai pris ce poste après une période plutôt particulière !
Quels moments forts as-tu déjà vécu depuis ta prise de poste ?
Pour moi, le moment fort a été ce passage où les personnalités de chacun.e ont émergé. Ce n'était pas un moment précis ; plutôt un ensemble de temps, d'actions et de discours m'ayant permis d'adapter mon travail en fonction de chaque besoin. Je crois que la beauté et la complexité du projet de TOIT À MOI réside exactement dans cette notion de temporalité et de direction, de donner le temps et prendre le temps, emprunter un chemin avec et pas pour la personne.
D'ailleurs, le mot accompagnement prend ses origines de compagne, compagnon, celui avec qui on partage le pain. Là, on partage un bout d'existence (et quelques repas à l'occasion !). C'est fort, c'est beau. Ca permet justement de sortir les personnes de statistiques, de leur permettre d'exprimer leur individualité.
J'en profite pour dire un grand merci à l'équipe bénévole, motivée et bien présente bien avant mon arrivée. Leur engagement est vraiment indispensable à la vie de l'antenne. Heureusement que vous étiez là !
Quelles sont ton/tes ambitions pour l'antenne de Lyon ?
Tout d'abord, horizon 2021, j'espère trouver un lieu. Un local à taille humaine, qui pourrait être lieu ressource et espace d'activités, loisirs et rencontres. L'antenne lyonnaise a quitté les Halles du Faubourg en juillet 2020 et va reprendre un espace de travail en octobre, dans le 8e arrondissement. Mais il s'agit toujours d'un bail précaire et je penses que c'est fondamental, pour les personnes accompagnées, les bénévoles et les salariés, d'avoir un jour un coin "à nous".
Puis la construction de projets en réseau et le développement des activités liés au bénévolat. Lyon est une métropole bouillonnante d'initiatives citoyennes, d'événements et de personnes volontaires. J'aimerais que, un jour, le lieu où s'installera soit aussi l'incubateur d'actions favorisant le lien social et la créativité.
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Photo credit: szeke on Visual Hunt / CC BY-SA