Soufiana, de médecin à sans-abri : "M'intégrer et exercer de nouveau : mon rêve !"

Médecin qualifié, Soufiana a dû fuir la Guinée, son pays d’origine, et traverser les épreuves d’un parcours migratoire. Depuis son arrivée en France, il mène une longue bataille administrative pour être régularisé et pouvoir exercer. Logé et accompagné dans l’un de nos logements-tremplins Toit à Moi à Limoges, il s’investit dans le bénévolat associatif et dans son club de foot, et reconstruit sa nouvelle vie. 

« Je m’appelle Soufiana, j’ai 30 ans. Je viens de Guinée. J’étais médecin : j’ai travaillé en hôpitaux, et aussi aux côtés d’équipes humanitaires pendant l’épidémie Ebola en 2015. Je me suis ensuite spécialisé en gynécologie obstétrique, j’ai dû pratiquer au moins 1 000 accouchements, des centaines de césariennes… 

Pouvoir exercer en tant que médecin étranger

Un problème personnel grave m’a poussé à quitter la Guinée. J’avais 25 ans. 

Je suis arrivé en France en novembre 2018, après un parcours migratoire rempli d’épreuves. Depuis, je cherche à m’intégrer.

J’ai essayé de comprendre comment se passe l’intégration en tant que médecin étranger. Avant de pouvoir exercer, il faut que je sois régularisé. Je mène une longue bataille administrative, d’abord avec une procédure de demande d’asile qui a duré de 2018 à fin 2021, puis dans une procédure de recours en 2022. En mars 2023 j’ai obtenu un titre de séjour d’un an, qu’il faudra que je renouvelle d’année en année avant de pouvoir obtenir le statut de réfugié et exercer officiellement. 

Bénévolat et entraide

En attendant, je travaille pour rester en lien avec les gens : j’ai fait des stages dans des centres hospitaliers, des petits boulots (garde de nuit, aide à domicile...), je suis bénévole à la Protection civile et dans des associations d’entraide et d’action sociale (Les Petits Frères des Pauvres)...

Pendant cinq ans, je n’avais pas de logement. J’ai dormi à droite, à gauche, chez des amis, dans des logements partagés mis à disposition par l’OFPRA pendant ma procédure de demande d’asile… 

Depuis mon arrivée à Limoges, je joue dans un club de foot (AS Fromental) en tant qu’ailier droit. Ça me rend très fier ! Et le club m’a aidé à obtenir mon titre de séjour auprès de la préfecture. 

En juin 2023, l’assistante sociale qui me suivait m’a parlé du dispositif tremplin Toit à Moi Limoges. Depuis octobre, je suis logé et accompagné par Toit à Moi et Hestia. Je me sens bien dans ce logement : c’est chez moi !

Le logement Toit à Moi, un endroit où me poser

Aujourd’hui, ça va. J’ai trouvé un emploi salarié dans une association locale d’insertion. Je prépare un concours pour obtenir une équivalence de mon diplôme en septembre 2024 et pouvoir exercer comme médecin gynécologue. Je suis toujours bénévole auprès des Petits Frères des Pauvres : je passe du temps avec des personnes âgées, à leur domicile. Je continue le foot… 

Cet accompagnement avec Hestia et Toit à Moi a beaucoup changé ma vie. Ça me permet d’avoir un endroit à moi, où me poser, où travailler sur mon projet. Je suis tranquille : ça m’enlève une charge, des préoccupations. Je vois Carole-Anne, la travailleuse sociale qui me suit, une à deux fois par semaine. 

J’aimerais devenir bénévole ensuite pour Toit à Moi, une fois que je n’aurai plus besoin du tremplin. Pour que d’autres puissent en bénéficier ! »